Quand on devient hype dans le milieu du cinéma hollywoodien, il vaut mieux s'imposer dans un film d'auteur capable de se donner un vrai image d'acteur, un travail d'apparence qui peut paraitre inutile mais qui prend son sens si l'on s'appelle Ryan Gosling ou Bradley Cooper. Même si le second a déjà réussi avec le génial "Happiness Therapy" de David O.Russell, Ryan Gosling devait faire oublier sa médiocre performance dans le tout aussi oubliable "Gangster Squad", et avant de découvrir "Only God Forgives", le nouvel opus de NWR qui s'annonce sublime, ce "The Place Beyond The Pines" sera parfait pour ce travail : un polar dramatique, d'un réalisme a couper le souffle, dôté d'un casting presque parfait et a la mise en scène qui oscille entre l'intensité du polar et l'émotion du drame familial.
D'un réalisme cru et a fleur de peau, le scénario raconte la vie perturbé et solitaire de Luke Glenton, un motard cascadeur brillant dans la maitrise de la conduite et qui découvre qu'il a eu un enfant avec un de ses anciens amours et cette découverte qui le bouleverse va le forcer a se plonger dans le braquage de banque pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille, alors qu'a la même époque, Avery Cross intègre la police locale, un scénario très vaste et qui aborde une multitude de sujets tout en laissant les clés de son intrigue au spectateur, un voyage dans l'Amérique profonde a travers des personnages particuliers mais qui s'adresse a tous, avec un message émouvant mais aussi complexe sur la famille et les conséquences du passé...
Après sa performance médiocre dans "Gangster Squad", Ryan Gosling se rattrape amplement en prouvant au monde du cinéma qu'il est capable de jouer sur la palette de l'émotion, et même si il reste dans le registre du personnage mystérieux et solitaire mais charismatique a la Clint Eastwood, il se laisse découvrir et impressionne dans les deux facettes de son personnage, alors que face a lui, Bradley Cooper gravit encore les échelons, en incarnant le type normal embarqué dans un évènement qui le dépasse complètement, une performance dans le réalisme absolu et qui colle parfaitement au film. Un duel de gueule qui tourne a la parfaite égalité, mais qui laisse de la place aux seconds rôles et en particulier Ben Mendelsohn, une vraie gueule et une voix de l'Amérique rurale qui s'impose a chacune de ses scènes.
Après "Blue Valentine", drame romantique très remarqué en 2011 avec le couple Gosling/Williams, Derek Cianfrance continue dans sa quête du réalisme absolu au cinéma et l'impose cette fois-ci sur le genre du polar, tel Sidney Lumet sur le très old school mais aussi très bon "Serpico", et compose une fable générationnel sombre, a l'ambiance très sombre et a la tension latente, et qui s'ouvre sur un brillant plan-séquence tout en enchainant avec des courses poursuites d'un style proche de Paul Greengrass et aussi immersive qu'électrique.
Un polar dramatique d'une intensité remarquable et d'un réalisme marquant, avec un excellent casting et a la mise en scène équilibré et maitrisé.
Note : 4/5